Jessica Houara-d’Hommeaux : « On a fait taire des clichés »

Publié le 05/02/2018

Samedi dernier, les associations angevines La Dalle Angevine et UNIESCO organisaient une conférence-débat portant sur les thématiques de la place de la femme dans le sport et celui du sport dans l’entreprise. Un événement marqué par la présence de Jessica Houara-D’Hommeaux, notre internationale tricolore, ainsi que celle d’Alain Charrance, membre du Comité de Direction de la Ligue. Ci-dessous quelques-unes des interventions et notre vidéo avec Jessica…

LA PLACE DE LA FEMME PAR RAPPORT A L’HOMME :

Jessica Houra-D’Hommeaux : « La Croix Blanche est un très bon club féminin, il y avait déjà des filles quand j’étais petite car c’est l’un des plus gros club régional féminin. C’était reconnu à l’époque. On avait cette image de garçon manqué, nombreux sont les parents qui n’inscrivaient pas leur fille au football. Mais maintenant ce n’est plus le cas, toutes les filles peuvent jouer et on a fait taire ces clichés. C’est une victoire de voir de plus en plus de petites filles pratiquer le football. »

Sébastien Château (boxeur professionnel) : « Il y a 23 / 24 ans la boxe restait un sport de combat, il y avait donc peu de filles. Pour vous donner un exemple sur 50 garçons, nous comptions seulement 2 ou 3 filles. A l’heure actuelle, dans mes clubs je constate que sur 50 élèves, 30 % sont des femmes et dans les coachings privés, elles représentent 40 %. Il y a une nette évolution de la demande qui devient plus forte par besoin de se défouler. Rejeter les émotions, la pression du travail, le stress et faire un sport de combat sont leurs premiers objectifs en pratiquant la boxe. »

Sur le stéréotype de genre, en 2018, quel regard portes-tu ?

Jessica Houra-D’Hommeaux : « On remarque un changement : de plus en plus de femmes pratiquent un sport dit d’homme, ce n’est pas assez démocratisé. On perçoit une vraie évolution de la société aussi et petit à petit la femme prend sa place. Il y a un réel travail de médiatisation à mettre en place même si en France le football féminin est très bien médiatisé comparé au Handball ou au Basket, malgré qu’elles aient des titres. C’est un sport populaire donc les médias s’y intéressent.

Après l’homme et la femme peuvent pratiquer le même sport à des degrés différents. En effet, physiologiquement nous ne pouvons pas en tant que femme nous comparer aux hommes, chacun a ses propres qualités respectives. Physiquement nous sommes moins puissantes et rapides. Il est ici le danger, il ne faut pas faire d’amalgame entre les deux. En tant que joueuse professionnelle, si nous jouons contre des garçons, ce sont généralement des adolescents de 15 ans. Ainsi on a la technique de déplacement et l’intelligence tactique. »

Alain Charrance (Membre du Comité de Direction de la Ligue de Football des Pays de la Loire en charge du développement) :

« En effet le nombre de licenciées féminines au sein de la Ligue de Football des Pays de la Loire ne cesse d’augmenter ces dernières années (+ de 10 000 pour cette saison et + de 150 000 au niveau national). Nous lançons actuellement au sein de la Commission Régionale de féminisation un état des lieux des licenciées (joueuses, dirigeantes, éducatrices, arbitres) afin de cerner  le nombre de femmes qui s’investissent dans un club, l’évolution de manière générale, par centre de gestion et en fonction des clubs. On remarque notamment que de plus en plus de femmes se présentent au concours d’arbitre. Les temps se modernisent, nous retrouvons Corinne Diacre (première femme à entrainer une équipe professionnelle masculine de Ligue 2), 1ère femme à devenir entraineur de l’Equipe de France Féminine, Stéphanie Frappart arbitre en Ligue 2… »

Une Membre de l’association UNIESCO :

« Ce clivage homme / femme est universel. Il y a une vraie différence entre nature et culture et à force de gommer les inégalités on finit par gommer les égalités. Ces évolutions se sont construites grâce aux lois car notre société a besoin d’être accompagnée n’étant pas encore prête d’un aspect culturel à avancer (le salaire etc). Il est important de faire de la discrimination positive. »

LE SPORT EN ENTREPRISE :

Le sport en entreprise permet de nous ouvrir aux autres, de s’enrichir. Du point de vue de la santé cela règle les problèmes d’absentéisme en entreprise et surtout les relations entre les différents services et la hiérarchie.

Alain Charrance (Président délégué de la Ligue FFSE des Pays de la Loire, Président du Comité de Maine et Loire du Sport d’Entreprise   :

« Nous organisons chaque année un marathon relais national Inte- Entreprises à Angers qui permet aux salariés d’entreprises, d’associations, de faire une activité sportive en équipe, de manière à instaurer des liens et un bon climat au sein de l’entreprise.

Nous constatons que tous les ans le taux de participation des femmes à ce marathon relais augmente de 4 à 5 %. En 2017 nous comptions entre 38 et 39 % de femmes sur 320 équipes de 6 coureurs soit 1920 sportifs. Les équipes sont composées en équipes masculines, équipes féminines et équipes mixtes (3 hommes et 3 femmes). Le vendredi 8 Juin 2018 la 8ème édition comptera 360 équipes soit 2160 sportives et sportifs et je pense qu’il y aura cette année + de 1000 féminines

Nous communiquons au sein du monde de l’entreprise sur l’engagement féminin dans le sport et la Fédération Française du Sport d’Entreprise a lancé lors de l’Olympiade 2014 / 2017  un plan de féminisation avec comme objectif stratégique « Renforcer l’accessibilité des salariées aux pratiques sportives et aux prises de responsabilités au sein des instances dirigeantes ».

MARIE-THE TONDUT (PRESIDENTE DE L’ASSOCIATION UNIESCO) :

« L’association a été créée le 08 mars 2016, il y a deux ans. Elle compte 16 femmes d’affaires qui sont chefs d’entreprises, codirigeantes, cadres ou retraitées. Ce sont des supportrices du SCO Angers et donc des abonnées à l’année.

L’association ne vit d’aucun sponsor et propose, comme ce samedi, un temps d’échange entre la marraine de l’association qui est Jessica Houara D’Hommeaux, Angevine, devenue footballeuse professionnel et Sébastien Château, angevin également, devenu boxeur professionnel. Le dernier projet est d’aller voir Jessica Houara D’Hommeaux à Lyon.

Les objectifs premiers, à court terme sont de supporter le SCO en Ligue 1, à long terme sont de promouvoir le SCO et le monde associatif par leur réseau de femmes d’affaires, ainsi que de valoriser la ville d’Angers et les clubs de football du territoire.

Mon mari, Jacques Tondut, fut l’ancien médecin, le vice-président et le président du SCO d’Angers à la montée en Ligue 1 dans les années 90. Mon fils, Anthony Tondut, médecin du sport, exerce au club. »

Par David Cadiou

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